Genesis
Pour ce projet, montré pour la première fois durant la Biennale de Venise en 2013, Prune Nourry collabore avec des danseurs et performers, exprimant l’idée d’une sculpture en mouvement.
Genesis 2013
Genesis explore les thèmes de l'origine, du genre, de la relation entre religion et sexualité, ainsi que de leurs représentations au travers des âges.
Au cœur d'un voyage temporel, Prune Nourry se réapproprie le mythe de la création (Adam et Ève), évoque les mœurs de l'Antiquité, la période libertine, et plus récemment les développements de l'industrie pornographique.
Pour ce projet, présenté pour la première fois à la biennale de Venise en 2013, Prune Nourry a collaboré avec des danseurs et des performeurs pour exprimer l'idée d'une sculpture en mouvement.
C'est le site du Casino Vernier lui-même qui a inspiré cet évènement particulier. Le mot « casino » décrit au XVIII siècle,une maison intime de jeux et de plaisirs, et est de nos jours l'argot italien pour désigner le « bordel ». Depuis un moment, l'artiste étudie les questions de la sexualité et du genre au travers des sciences et des traditions. Et, en résultante, l'invitation de l'Alliance Française à présenter son travail dans ces lieux chargés d'histoire, a semblé être une parfaite opportunité pour développer ces thèmes. L'Italie étant la terre du Pape – le catholicisme étant enchâssé dans les traditions – l'artiste a décidé de mettre en lumière le rapport entre sexualité et religion.
Cherchant à toucher sur des sujets sensibles, et invitant les spectateurs à se questionner, Prune Nourry essaye toujours de s'infiltrer subtilement au sein de la culture locale, au travers de symboles familiers qu'elle s'approprie avec humour, d'où l'accent mit sur le détail et le choix d'offrir à l'audience des tétons en chocolat, moulés à partir de ceux de l'artiste, en tant que communion. L'eau sainte, bénit par l'artiste, est également servie durant la soirée comme la version italienne de l'eau de vie, la grappa.
Prune Nourry explore un vaste panel de médiums. Genesis montre son intérêt pour la vidéo et la danse, ainsi que pour la cuisine, même si la sculpture reste – dans les mots même de l'artiste - son médium de prédilection. L'idée de mêler danse et sculpture est reflétée dans les vidéos Adam et Eve qui approfondissent le concept de création. De la même manière que Dieu, touche et donne vie à Adam dans l'oeuvre de Michelange à la Chapelle Sixtine, Prune Nourry donne vie à ses sculptures, Adam se sculptant lui-même dans l'argile blanche, et venant à la vie. Poussant l'idée de sculpture explorée au travers d'un médium bidimensionnel, Prune Nourry joue également avec la technique de la re-projection, créant des images mystérieuses et destinées à n'être révélées qu'à la fin.
Elle porte à nouveau un chapeau de magicien dans la vidéo Eve, dans laquelle le danseur laisse d'intrigantes marques corporelles rappelant les anthropométries d'Yves Klein. La danseuse est sensuelle, mais semble simultanément androgyne. L'idée que le genre et la sexualité humaines devraient être étudiés en tant que spectre plutôt que comme des catégories binaires et restrictives, a seulement commencé à ressurgir au 20e siècle, après des siècles d'oppression de la nature complexe de l'humain. Dans une société qui commence seulement à accepter l'homosexualité aujourd'hui, ceux qui dépassent des attendus, les populations intersexes sont toujours forcées de faire un choix entre mâle et femelle.
De la même manière que dans nos sociétés, il est difficile d'accepter des traits « anormaux », il existe, dans le sexe, un contraste saisissant entre « ce que nous voulons » et ce qui est « autorisé ». La majorité des films regardés au USA sont pornographiques ; mais dans le même temps il est interdit de montrer des tétons en public. Pour l'Église, le sexe est une création sacrée, mais l'acte lui-même est un péché. Prenant ces aspects en considération, Prune Nourry invite l'ex-pornstar et performeuse aérienne Katsuni pour un spectacle de pole dance inspiré par des sculptures baroques, sur de la musique de la même période. Elle mélange le nouveau et l'ancien, le conservateur et le libéral, invitant, encore une fois, son audience à se question sur l'acceptation de nos traditions.