Holy River

Second volet d’un triptyque sur la sélection du sexe, Holy River prend la forme d’une sculpture hybride de 6 mètres de haut en argile provenant du Gange, le fleuve sacré. Prune propose aux artisans du quartier de Kumartuli à Calcutta de réinterpréter sa Holy Daughter selon leurs codes. La sculpture géante intègre la procession au coeur de ville, à l’occasion du Festival Durga Puja. Suivant le rituel de cette célébration, la sculpture est finalement immergée dans les eaux du Gange, aux côtés d’autres divinités.

Plus

L’Inde et la Chine, les deux puissances de demain, représentent à elles seules un tiers de la population mondiale. Seulement, à cause d’une sélection des filles avant la naissance, ces deux pays manquent gravement de femmes.  Les gouvernements peinent à renverser la balance, et les répercussions les plus fortes ne se ressentiront que dans les prochaines générations d’hommes qui ne trouveront pas à se marier.   Les résultats du recensement démographique indien, dévoilés en mars 2011, sont les pires depuis l’indépendance du pays : 914 filles pour 1000 garçons. Cela est notamment dû à l’apparition, dans les années 80, de nouvelles technologies comme les échographes, qui ont entraîné d’innombrables avortements sélectifs au détriment des filles. Ce phénomène a des conséquences dramatiques sur la condition féminine : achat de femmes pour les marier, enlèvement de fillettes, prostitution, cas de polyandrie…
Les sculptures Holy Daughters, hybrides réalisées par l’artiste Prune Nourry, mettent en parallèle la vache sacrée et la femme. La vache, symbole de fertilité par le lait qu’elle donne, est vénérée. La fille, vecteur de fertilité, est considérée comme un fardeau et n’est pas désirée. Hybrider la fille avec la vache indienne pointe néanmoins un paradoxe : Si cela la place au même rang sacré que la vache, cela l’enferme aussi dans l’image de pureté dans laquelle la société indienne la perçoit depuis des générations. En septembre 2010, Prune installe ses sculptures dans les rues de New Delhi, et documente en photos et vidéos les multiples réactions des habitants. À peine installées dans la rue, les sculptures suscitent la curiosité et provoquent un attroupement soudain. Le lien entre la «Gau Mata» (vache sacrée) et la condition de la femme se fait naturellement dans un public très largement masculin. En août 2011, une Holy Daughter monumentale a été créée, devant la caméra de Prune Nourry, par une équipe d’artisans du quartier des sculpteurs de Kumartuli, à Calcutta. D’une hauteur de cinq mètres, elle a été réalisé à la manière traditionnelle, en terre provenant du Gange —le fleuve sacré. Les artisans sont devenus artistes, en interprétant l’oeuvre de Prune à leur manière.
Le 6 octobre 2011,  l’artiste en collaboration avec le Calcutta Art Club, a présenté Holy River, une performance se déroulant pendant le festival annuel de Durga Puja. Durant cette performance et au même moment que des centaines d’autres sculptures représentant des divinités hindoues, la Holy Daughter monumentale a défilé dans les rues de Calcutta et a été immergée dans les eaux du Gange.

Holy River 2011-2012

Moins

Vidéos

Processus, Holy River, Kolkata, India, August 2011

Plus de Vidéos

Procession, Holy River performance during the Durga Puja Festival, Kolkata, I

Œuvres

Performances

Expositions